Enseignant en cinéma à Cinécursus en partenariat avec l’Université de Genève. Ses compétences vont de l’histoire, la théorie, l’esthétique, le vocabulaire et la grammaire du cinéma, l’écriture de scénario au langage filmique, à la mise en scène et au montage au cinéma. Il analyse plus de deux cents films (Ciné Actuel) et anime un atelier annuel d’écriture de scénario. Tous les détails sur le site www.cinecursus.ch
Après presque 120 ans de cinéma, nous vous proposons d’aborder à l’aide de nombreux extraits de film un aspect de l’histoire du cinéma, celui de la censure, tout particulièrement sous l’angle des différents modes d’action de la censure morale et politique. Il existe en effet plusieurs types de censure : celle qui s’attaque à l’œuvre elle-même, et celle qui agit de façon moins directe sur l’œuvre. La censure la plus classique tout d’abord, qui consiste à interdire purement et simplement la distribution de l’œuvre ou la projection du film dans certaines salles .Certains films sont censurés dans certaines villes ou pays et ne le sont pas dans d’autres villes proches, ou d’autres pays frontaliers. Il existe un autre type de censure qui « invite » l’auteur à couper une scène, une séquence entière de son œuvre. La censure « économique », celle conditionnée par le dictat du box-office ; faire des entrées peut en être le moteur, mais pas exclusivement…Celle qui consiste à interdire un film à une partie de la population dans le souci de protéger nos « chères têtes blondes » ou encore « derrière le principe de précaution » à anticiper afin d’éviter des incidents tels que les manifestations qui pourraient troubler l’ordre public (salles de cinéma saccagées, voire incendiées).Et enfin, lorsque il ne s’agit pas d’une interdiction autoritaire, lorsqu’elle ne se fait pas sous l’influence de pressions politiques, religieuses, lobbys, de campagnes médiatiques, pour des raisons économiques - il reste l’auteur lui-même qui s’autocensure lorsqu’il privilégie le politiquement correct au détriment de l’exception artistique et culturelle dans une société dite démocratique, permissive…
Et tout cela pourquoi ? Parce que c’est bien connu, l’autorité ou les pouvoirs craignent le pouvoir des images, la force des messages plus ou moins cachés que véhiculent les œuvres cinématographiques (fictions, documentaires).Ainsi la censure diffuse de façon sournoise une sorte de propagande qui façonne et influence l’opinion par l’intériorisation de normes…Pour finir, les critères d’interdiction changent, évoluent ou régressent d’une époque à une autre – ce qui était censuré hier ne l’est plus aujourd’hui, et inversement ce qui ne l’était pas le devient brusquement - lorsque une idéologie en remplace une autre...