Entre avril et juillet 1994, près d'un million de personnes périrent au cours du dernier génocide du XXe siècle: celui des Tutsi du Rwanda. Les trois quarts de la population tutsi ont disparu au cours d'une campagne d'extermination marquée par une effroyable efficacité. Les Hutu opposés à la logique meurtrière subirent le même sort tragique. Organisés au sommet d'un État criminel, les massacres n'auraient pas connu une telle ampleur sans la participation massive d'une partie de la population civile. Tous les liens sociaux et affectifs furent atteints par la violence.
Dès lors, comment entreprendre de faire justice face un tel crime ? À l'orée des années 2000, le gouvernement rwandais met en place une justice de proximité, les gacaca. Ancrée dans le paysage des massacres et dans les communautés brisées, cette justice met au jour les mécanismes d'exécution du génocide à l'échelle des collines et des quartiers. Processus judiciaire inédit, il a contribué à lever le voile sur les expériences des différents acteurs des massacres."