Longue de plus de deux siècles et pleine de réussites, l’histoire de la vallée de l’Arve est également traversée par des périodes de crises. Depuis le XVIIIe siècle, les paysans-horlogers montagnards de la vallée de l’Arve produisent des pièces et des mécanismes pour une horlogerie genevoise qui travaille pour les élites fortunées du monde entier. Au milieu du XIXe siècle, le monde horloger se réorganise de façon à répondre à l’élargissement de la consommation de garde-temps plus précis et moins chers et l’industrie locale doit se restructurer.
Autour de Cluses et de son école d’horlogerie, la vallée prend un nouveau tournant à l’occasion de la première guerre mondiale en adoptant le décolletage et en travaillant en sous-traitance pour le marché national et les nouvelles industries mécaniques et électriques. Après un développement considérable à l’occasion des Trente glorieuses, l’activité industrielle devient la raison d’être d’une vallée caractérisée par la densité de son tissu d’entreprises petites et moyennes entretenu par l’établissement à leur compte d’anciens ouvriers.
Première concentration mondiale de l’industrie du décolletage, il s’agit d’un territoire industriel qui s’appuie sur un savoir-faire pointu, sur un environnement industriel conséquent, et sur un réseau d’entreprises de toutes tailles liées par des relations de coopération et de concurrence qui prennent souvent la forme d’une sous-traitance en cascade. Longtemps épargnée par « la crise », la vallée s’inquiète aujourd’hui des délocalisations et surtout des ra-chats d’entreprises par des capitaux étrangers au monde du décolletage savoyard, voire étrangers au monde industriel.