Créé deux ans avant #MeToo, Les Silencieuses (mise en scène par Frédérique Aït-Touati, écrite et jouée par Nicolas Raccah, comédien) nous plonge dans La France, pays de la « galanterie et du badinage » et d’une certaine façon dans les soubassements de cette ambivalente « séduction à la française ».
Partis d’abord en quête de ces voix érotiques féminines, nous avons découvert l’ampleur des champs - religieux, politique, juridique, littéraire… - où les femmes se sont vues retirer la parole, de l’Antiquité à nos jours.
On suit le cheminement et la transformation d’un homme dont les certitudes se fissurent à mesure qu'il s'enfonce dans les livres : la misogynie décomplexée qu'il y découvre dessine le visage de la domination masculine telle qu'il n'en avait jamais encore pris conscience.
Répétés, recopiés, ressassés d’âge en âge, ces écrits du passé désignent ostensiblement le pouvoir, l’autorité et la célébrité comme des monopoles que les hommes se sont réservés, d’abord au nom de Dieu, puis au nom de la Nature et enfin au nom de la Raison. Regarder cet héritage en face, c’est reconnaître une tradition de privilèges et d’abus qu’il est de notre devoir d’interroger, non pas pour fragiliser les hommes, mais pour consolider les fondements et les assises de la masculinité.
Les Silencieuses entre également dans le cadre de l’éducation à la citoyenneté et à la laïcité, à travers la prise de conscience individuelle des injustices faites aux femmes, et de l’imprégnation de la misogynie dans l’inconscient et l’imaginaire collectif.
Le spectacle trouve une résonance toute particulière chez les jeunes à partir de 16 ans, autour des thématiques des stéréotypes et assignations de genre et de l’égalité des sexes. Il interroge la construction identitaire par rapport aux préjugés habituels sur le masculin et le féminin.
Il s’agit d’aider jeunes et moins jeunes à prendre conscience de l’histoire des inégalités hommes femmes en se laissant individuellement toucher, impacter, révolter par cette histoire.