INNOVATION OU PROGRES ? Conférence
THONON LES BAINS - auditorium du Pôle de la Visitation
Mercredi 17 novembre 2021 19:30
Par: Marc GINDRE
Le progrès est mort. Vive l’innovation
Dans les sociétés dites « traditionnelles », on observe une tendance à régler les difficultés et les conflits par un recours systématique à la tradition, en s’appuyant sur « la légitimité de l’éternel hier » (Max Weber).
Les sociétés « modernes » se sont construites sur une toute autre base, sur l’idée de progrès. Un progrès porté par une promesse partagée, celle de permettre une amélioration sensible et continue de la qualité de vie, de l’espérance de vie, voire de bonheur et de liberté. Et ceci pour tous et pas seulement pour une catégorie de privilégiés. La notion de progrès a donc représenté le véritable idéal symbolique de la modernité.
Or, les crises successives que le monde a connues depuis la fin du siècle dernier semblent démontrer que l’on a touché une sorte de « plafond de verre » en matière de progrès. Comme s’il devenait impossible de vivre demain mieux qu’aujourd’hui, comme si le progrès lui-même était en crise, comme s’il ne pouvait plus être partagé.
Parallèlement, le concept d’innovation a envahi le monde de l’entreprise, puis des administrations avant de coloniser tout l’espace social, comme en témoigne les multiples « innovations sociales ». Il pénètre même l’espace intime, à l’image du « développement personnel » et de la « parentalité ». Tout se passe comme si, désormais, chacun était sommé d’innover pour (sur)vivre, lancé dans une quête de progrès qui ressemble au mythe de Sisyphe.
- Que s’est-il passé pour en arriver là ?
- « Vivre mieux aujourd’hui consiste-t-il à échapper aux développements du progrès » comme l’affirme l’écrivain Sylvain Tesson ?
- Peut-on renouer avec un temps « constructif » ?
Marc Gindre
Ancien professeur de Sciences économiques et sociales.