Nous nous posons tous des questions sur les avancées positives comme sur les risques des nouvelles technologies de l’intelligence artificielle. Vincent Rivollier, Enseignant-chercheur en droit,
Membre du Centre de recherche en droit Antoine Favre, propose de réfléchir sur la question relative à la digitalisation de la justice.
En effet, l’analyse automatisée des décisions de justice, les barèmes et la standardisation de la justice conduisent de nombreuses entreprises à proposer des outils de « justice prédictive ». Par exemple, aux États-Unis, une entreprise prétend calculer le risque de récidive, en vue de déterminer la peine d’emprisonnement. En France, une entreprise indique, à l’avance, le montant d’une indemnisation espérée en cas d’accident corporel. Ces outils ambitionnent de prévoir le résultat d’un procès ; ils s’appuient sur un calcul de probabilité à partir des décisions de justice rendues précédemment, en pariant sur le fait que le juge aura tendance à répéter ses propres décisions. Alors, si un algorithme peut prédire la solution du litige, pourquoi ne pas remplacer le juge par une machine ? Après une analyse sur les avancées technologiques en la matière, on s’interrogera sur leur potentiel, mais aussi sur les risques et leurs limites. Une justice «robotisée» n’est-elle, finalement pas, synonyme d’une justice inhumaine ?