Curieuse époque que celle que l’on vit : nous voilà devenus en deux décennies –
une fraction de seconde à l’échelle de l’humanité – ultra-connectés et
jouets d’algorithmes dont on peine à saisir les effets sur nos pensées et nos choix de vie. Nous subissons ainsi une sorte de tyrannie virtuelle par l’intermédiaire des écrans dont nous sommes devenus des esclaves volontaires.
Cependant, et symétriquement, nous tirons profit des progrès technologiques
contenus dans ces outils numériques qui exacerbent notre subjectivité et nous
poussent à nous replier sur nos centres d’intérêts et notre sphère privée. Mais ils
alimentent un sentiment de toute-puissance qui nous incite à exprimer en
permanence aux yeux du monde nos désirs, nos colères, nos frustrations, nos
« solutions ».
Tyrannie des écrans et individu tyran : cette combinaison explosive ne menace-t-elle pas notre monde commun et la démocratie ?