Marc Gindre, ancien professeur en Sciences Economiques et Sociales.
On avait pronostiqué dans les années 70 / 80 l’avènement de « la civilisation des loisirs », et même la « fin du travail ». Or, en dépit de ce
que l’on a (trop) vite qualifié de « grande démission » et de « paresse » », les Français restent profondément attaché au travail. Etonnant,
non ?
Depuis plusieurs dizaines d’années, on ne cesse de voir disparaître des tâches répétitives ou dangereuses, désormais confiées à des dispositifs
mécaniques ou électroniques et à l’intelligence artificielle. Cette tendance peut accréditer la thèse d’une raréfaction du travail pénible et
du travail peu qualifié, voire d’une disparition progressive du travail ouvrier. Or il n’en est rien ! Surprenant, non ?
L’actualité le montre tous les jours : ce sont les individus qui ont les emplois les moins valorisants, les plus mal rémunérés, qui sont prêts à
tout pour les conserver, comme s’ils tenaient plus qu’à toute autre chose à un travail abrutissant et peu gratifiant. Etonnant, non ?
La croissance des souffrances au travail est une réalité qui va bien au-delà des rares mais trop nombreux cas de suicides au travail et de
burn out. Et pourtant, la majorité des gens en souffrance supportent ces souffrances, en silence, ou se contentent de mots pour les dire.
Comment expliquer cette forme de soumission ?