Serions-nous devenus égoïstes, obsédés par notre épanouissement personnel, par notre réussite et la défense de notre « identité » ? Ne sommes-nous pas tentés de nous considérer comme des êtres uniques, éprouvant l’impérieuse nécessité d’afficher notre singularité sur les réseaux sociaux ? Nous nous sentons souvent plus proches de celles et ceux qui partagent avec nous une caractéristique - une couleur de peau, des croyances, des opinions politiques, un centre d’intérêt - que de nos voisin-es de palier. Dans les transports en commun, dans les files d’attente, chacun est dans sa bulle, percevant même parfois l’autre comme une menace potentielle. Dans ce contexte de sacralisation du moi, reste-t-il une place pour la solidarité, pour l’action collective, pour des mouvements sociaux qui ne seraient pas seulement catégoriels ou communautaires ? Que devons-nous aux autres dans nos réussites, nos échecs et nos souffrances ? Que pouvons-nous leur donner ? Que devons-nous leur donner ? Peut-on vivre ensemble en confiance, dans un climat apaisé, peut-on « faire société » quand on vit dans une société composée d’individus qui se pensent entrepreneurs de leur vie ? A un moment où il est urgent d’agir collectivement pour sauver l’avenir de l’humanité, comment parvenir à concilier la satisfaction de notre ego avec la nécessité de préserver et défendre nos « communs » ? Entrée libre. |