X - Fermer

Récit de voyage : rencontre de l’Autre

ANNEMASSE - SALLE 24/25 MARTIN LUTHER KING
Vendredi 20 septembre 2024 20:00

Par: Émilie TALON - Librairie Les Affamé-es


Conférence-débat et lecture. Née au creux des Alpes, Émilie Talon a d’emblée été happée par les lointains géographiques et littéraires auxquels l’ouvraient une famille éclatée, de l’Iran à l’Amérique, et la clé des livres qu’elle a pris comme la clé des champs. Son travail l’amène à explorer un territoire qui se déploie entre le pôle de l’intime – les lieux où s’ancre le quotidien et où évolue le corps, physique et émotionnel, les rapports entre les êtres, leurs paysages intérieurs et leurs environnements immédiats – et l’appel du grand dehors, les lointains dont elle se nourrie.
Dans Iran, La Paupière du jour et Vertiges persans, elle investit un territoire auquel la lie une partie de sa famille par alliance. Un territoire qu’elle décrypte comme un palpitant terrain d’observation de la relation à l’Autre, si proche et si lointain. Cet autre, ce sont des figures féminines qui l’aimantent, un père perdu, tous ceux qui les entourent. Cette relation, c’est une nourriture, un questionnement, un inconfort incontournable.

Son lien à l’Iran s’est d’abord confondu avec son lien à sa famille iranienne : une « branche » de la lignée maternelle due au mariage dans les années 1960, de sa tante avec un Iranien francophile. Ce lien à l’Iran, incarné par la relation sororale qu’elle entretient avec sa cousine, est, également le berceau de son écriture : en dehors des séjours annules de l’une chez l’autre et de l’autre chez l’une, durant toute son adolescence, une correspondance gargantuesque entre elles lui a permis d’affûter sa plume, pour dire la subtilité de sentiments attisés par la distance, pour exprimer la poésie du quotidien (qui fait les relations épistolaires les plus denses), pour répondre à l’écho de là-bas en étant ici, pour tisser des motifs parallèles entre l’autre et soi. L’Iran représentait alors le royaume, en partie idéalisé, de son mentor. Cette « longue adolescence » s’est conclus par un voyage plus intense que tout autre alors qu’elle avait 19 ans, un voyage qu’elle a relaté 20 ans plus tard, dans « Iran, La paupière du jour ». Le mariage de sa cousine conclut cette période de correspondance, le lien d’Émilie à l’Iran en était remodelé : désormais plus autonome, elle a redécouvert le pays de façon plus documentaire, son histoire, son actualité, sa culture traditionnelle mais également contemporaine et vivace, elle a pris du recul sur la vision familial de ce pays brûlant. Ce changement de point de vue a abouti au projet de « Vertiges persans » : c’est par le biais de ses propres amis iraniens qu’Emilie a conçu le voyage qu’elle y a effectué sur les traces de son père (qui avait mené une existence à l’Alam Kouh et au Damavand en 1956), en compagnie d’une jeune Iranienne guide de haute montagne, personnage à haut potentiel romanesque. Elle considère aujourd’hui sa relation avec ce territoire (qu’elle observe en se tenant » à la distance de la cousine », qui incarne la belle, et parfois si proche, Altérité) comme une histoire d’amour et d’émancipation.
Présence de la libraire Les Affamé-es pour la vente des livres.