Comme en juin, pour mon petit mot de la rentrée, il m’est très difficile de me plier à cet exercice du billet d’humeur et d’autant plus qu’il est de tradition en cette période de souhaiter une bonne année à tous. Qu’est-ce qu’une bonne année ? Que devons-nous nous souhaiter ? Argent, amour, réussite ? Politiques honnêtes, paroles de vérité, fin des scandales ? Redressement des finances, fin du chômage, un logement pour tous ? Le bonheur par la consommation ? La fin de la pauvreté ? La paix sur terre ?
Bien sûr que certains de ces vœux me tiennent à cœur ! Qui ne voudrait pas que la paix règne sur le monde à part les marchands d’armes ? Mais un vœu, mais toute cette multitude de vœux qui va illuminer la nuit de la Saint Sylvestre, ces millions de messages suffiront-ils à créer un monde plus beau, plus fraternel ? La raison dirait que non, mais après tout, souhaiter le meilleur à l’autre, celui que nous aimons, celui que nous connaissons, celui que nous ne connaissons pas mais que nous croisons, cela fait du bien, nous fait du bien.
Alors s’il fallait choisir un seul vœu pour cette nouvelle année qui s’annonce, le mien serait de vous souhaiter la meilleure santé possible, la santé du corps et de l’esprit. La santé et la force. Il faut de la force et de la santé pour ne pas se laisser contaminer par la désespérance ambiante, pour voir et parler des initiatives, petites et grandes, qui donnent de l’espoir, pour chercher la beauté du monde, ce monde qui est le nôtre, nous n’en avons pas d’autre. De la force pour ne plus se taire face à des paroles de haine et d’intolérance, le silence devenant alors une forme de connivence. De la santé au sens large du terme pour oser une parole libre et discordante face aux discours formatés. Pas besoin de tribune pour cela, juste autour de nous, dans le respect de l’autre.
Nous trouverons du réconfort auprès de nos familles, de nos amis, autour de la table, à l’église pour certains. Nous nous offrirons des cadeaux, nous nous embrasserons et nous tâcherons de combler la place de celui, de celle qui manque, qui n’est plus là. Bonheur et chagrin, joie et peine, c’est notre condition humaine. C’est en cela que nous sommes vivants.
Nous vous avons préparé plein de rendez vous excitants pour 2015 : le crime passionnel, le cinéma, les chemins de traverse, ce qui est bon dans nos assiettes, des femmes au service des femmes, les femmes dans la Grande Guerre, le déracinement et l’exil. Et plus tard dans la saison, la vie d’Ambroise Croizat, Gaza, les murs qui nous séparent, l’Ukraine, les procès « Gacaca » au Rwanda. Nous espérons que ces rendez vous avec l’Université Populaire sauront vous intéresser, vous questionner, vous apprendre des choses, vous distraire. Un grand merci pour votre fidélité car sans vous nous ne sommes rien.
De tout cœur, nous vous souhaitons la meilleure année possible.
Sachant qu’elle nous sera ôtée,
Je m’émerveille de croire en notre saison,
Et que nos cœurs chaque fois refusent l’ultime naufrage.
Que demain puisse compter quand tout est abandon ;
Que nous soyons ensemble
Égarés et lucides,
Ardents et quotidiens,
Et que l’amour demeure après le discrédit.
Je m’émerveille du rêve qui sonde l’avenir,
Des soifs que rien ne désaltère.
Que nous soyons chasseurs et gibiers à la fois,
Gladiateurs d’infini et captifs d’un mirage.
Les dès étant formels et la mort souveraine,
Je m’émerveille de croire en notre saison
Andrée CHEDID Seul, le visage