L’Europe, un des enjeux essentiels de la campagne présidentielle. Différences dans les visions, les positionnements, les analyses des prétendants à la fonction présidentielle. Ils présentent en effet, sur l’Europe des programmes très différents les uns des autres.
Bilan de l’Europe : en crise, et ce n’est pas nouveau. La preuve, certains pensent à la quitter comme les Anglais qui sont dans un processus de sortie. Crise politique qui se traduit par l’évolution des politiques et des gouvernements en Europe, de sociaux-démocrates à l’extrême-droite. Crise au niveau des valeurs : ne pas oublier que tous les pays ont signé un texte d’engagement, un texte rassembleur qui faisait la force d‘un droit commun en 2005 mais aujourd’hui, les gouvernements n’ont plus les mêmes réactions sur certaines actualités comme l’accueil des migrants le problème des frontières, le droit d’asile…, Crise sociale : pauvreté et inégalités en forte progression. Pauvreté : en 2007, la France comptait 13 millions 100 000 pauvres, en 2015 13 millions 700 000, en 2017 13 millions 800 000 dont 22 % de 18 à 25 ans, 39 % de femmes seules chargées de famille. En Allemagne : 2007, 15 millions 200000. 2015, 15 millions 200000. 2017, 17 millions 2OO OOO. Crise économique : Le taux de chômage continue à progresser globalement dans l’ensemble de l’Europe. La zone Euro a raté la reprise de 2009 à cause de la durabilité de la crise des subprimes, de la politique d’austérité. En 2014 malgré la baisse du pétrole, la baisse de l’EURO, pas de baisse du chômage et en 2016 le pétrole est reparti à la hausse. Et le Brexit et l’élection présidentielle aux USA ne peuvent pas améliorer nos échanges désormais. Avec la vague populiste qui s’étend sur l’Europe, et qui ne favorise pas un renouveau de l’économie on doit craindre une progression significative dans les résultats des élections à venir. Crise monétaire : les banques sont toujours aussi fragiles, en difficulté, elles n’ont pas tenu compte de la crise précédente et ont continué à prêter avec des risques et des faillites sont toujours possibles. Crise de la gestion, du fonctionnement d’une Europe autoritaire ce qui provoque le souhait pour certains de la quitter.
On aurait pu attendre de l’Europe un meilleur fonctionnement, qu’elle fonctionne avec ce qu’elle avait prévu de faire et avec les engagements des états. Mais si on accuse l’Europe de tous les maux, l’Europe n’est pas une entité qui a tous les pouvoirs, ce sont les états qui décident, avec des représentants élus au suffrage universel. La Commission européenne, elle est composée essentiellement de 2 représentants de chaque pays mais qui ne sont pas des élus et qui ont un rôle majeur en matière législative. C’est une première anomalie qui explique le mauvais fonctionnement. Le rôle de ces représentants est de proposer une directive qui va s’imposer au droit de chacun des pays comme une loi propre à chaque pays. Ces directives doivent être soumises au parlement européen pour accord. En effet elles sont bien soumises au parlement mais avant cela, elles sont soumises à l’influence et à la pression de nombreux lobbies industriels, pharmaceutiques … Les lois sont bien élaborées par des spécialistes mais sous la pression commerciale et financière de ces lobbies avant d’être soumises au parlement. Fonctionnement aberrant qui favorise la corruption dans un système néo-libérale. La réforme de ce système est un défi démocratique pour l’Europe. On donne à la commission un droit régalien alors que les membres ne sont pas élus.
Voilà rapidement dans quelle situation se trouve l’Europe. Ce qui explique les revendications les plus maximalistes. Le mouvement anti Europe a commencé il y a bien longtemps. Il y a 25 ans création de la Communauté européenne et du Marché Commun, cela pour éviter le retour des guerres, une Europe de la paix. Cette Europe naît dans une période de plein emploi et de redistribution (sécurité sociale), dans un contexte très positif socialement, culturellement, politiquement. Mais aujourd’hui, quand tout va mal, les critiques deviennent nombreuses. Les traités d’alors, (la CECA, le Marché Commun, la politique agricole commune, …) les accords commerciaux n’empiétaient pas sur la souveraineté des états, mais étaient là pour les renforcer et les unifier autour de ces accords. Le contexte de l’époque explique tout et permet de comprendre. Revenons donc sur ce contexte. A l’époque, les budgets, les taux de change nationaux étaient décidés par les États donc par les citoyens par le biais du suffrage universel. Les chefs d’État conduisaient eux-mêmes leur politique étrangère. Dans les années 70, fin de cette construction positive de l’Europe, hélas avec un ralentissement de la productivité, les inégalités et le chômage qui se développent. Ensuite, c’est le choc pétrolier. Avec les années 80, renversement des politiques économiques et budgétaires en Grande Bretagne et aux Etats Unis : privatisation des services publics et dérégulation des marchés, une nouvelle idéologie du libéralisme s’installe, qui progresse très vite, comme un rêve qui devait nous apporter le bonheur avec les règnes de Reagan et Thatcher. Tous les gouvernements se laissent contaminer, dont la France sous Mitterrand. Ensuite, à partir de 1986, marche incessante du néo-libéralisme, processus de traités successifs qui vont structurer l’Europe qui n’est plus une Communauté mais une Union. Contrôle budgétaire des États jusqu’en 2005, alors arrive la Constitution qui impose comme seul régulateur, » la concurrence pleine et parfaite ». Dégradation progressive de l’Europe, destruction de nos territoires, qui expliquent les phénomènes Trump, Brexit et l’avancée du FN. Qui se nourrissent de ces échecs et de ces dégradations, sur des constats réels mais qui ne proposent pas les bonnes solutions et qui peuvent conduire à des gouvernements autoritaires comme en Hongrie par exemple.
Positions, propositions, revendications dans les programmes des prétendants à la présidence de la République.
Macron : « Les pays européens doivent aller vers plus d’intégration pour peser face à la Chine et les USA ». C’est-à-dire se donner un pouvoir collectif plus important, le plus performant économiquement et monétairement, avec une capacité de négociations et le renfort des marchés. « Approfondissement de l’union monétaire en développant la convergence fiscale » : « un budget unique commun », « un parlement et un gouvernement économique de la zone euro pour une force de frappe économique plus importante ».
Fillion : « Changer le fonctionnement de l’union monétaire avec une gestion inter gouvernementale, une nouvelle structure ». Création d’un directoire de la zone Euro » composé de chefs d’état et de gouvernements pour les grandes décisions avec un secrétaire général qui veillerait à » l’harmonisation fiscale ». Pour redresser préalablement nos finances publiques, entamer des réformes structurelles et relancer avec l’Allemagne le projet européen et renforcer l’Euro.
Hamon : « Réécrire les traités européens afin de remettre la croissance au cœur des politiques économiques ». « Création d’une assemblée de la zone euro » qui réunirait des députés nationaux. Elle fixerait le « budget commun et les objectifs monétaires » (réduction des dettes et des déficits).
Mélenchon : « Renégociation complète des traités européens avec l’abandon du pacte de stabilité ». « Financement direct des états par la banque centrale européenne »(qui a pour fonction uniquement la préservation du taux de l’euro, de préserver l’Europe de l’inflation + des prêts hors états européens). Un moratoire sur les dettes publiques. En cas d’échecs des discussions : « un processus de Frexit avec référendum et négociations ». Pas de comparaison avec l’Angleterre qui elle n’est pas dans la zone euro.
Le Pen : « Sortie de l’euro et de l’Union européenne ». Et ensuite engager des discussions avec les partenaires et « un référendum ». » Rétablissement des frontières ». » Protectionnisme aux frontières ».
Réponses à la sortie de l’Euro selon l’Institut Montaigne : le PIB baisserait de 23% par an pendant au moins 5 ans. 180 milliards la 1ère année. Selon Terranova : chaque ménage perdrait chaque année une fourchette de 1168 à 1830 Euros. La Banque de France : la dette publique augmenterait de 30 milliards d’euros par an pendant 9 ans. Le franc serait dévalué par rapport à l’euro d’au moins 20%.
Conséquences : explosion des prix des produits importés = difficulté des entreprises à obtenir des prêts = diminution de l’emploi = baisse de la valeur des économies des Français = progression très importante du taux des emprunts. Le FN dit que nos produits étant moins chers ils se vendraient mieux à l’étranger mais elle ne tient pas compte de l’augmentation des matières premières qui feraient grimper le prix de nos productions. Sortir de l’euro, de l’Europe, cela ébranlerait les autres pays de l’Europe, Italie, Espagne, Grèce qui devraient sortir eux aussi.
Livre : Jean-Pierre Chevènement – 1914-2014. L’Europe sortie de l’histoire ? Chez Fayard.
Qui développe la thèse de passer d’une MONNAIE UNIQUE à une » MONNAIE COMMUNE ».